Journal en français facile 20/04/2021 20h00 GMT
Il est 22h00 à Paris, une heure de moins à Ndjamena.
Clémentine Pawlotsky : Bonsoir à tous, bienvenue dans votre Journal en français facile, présenté ce soir avec Sylvie Berruet. Bonsoir Sylvie.
Sylvie Berruet : Bonsoir Clémentine, bonsoir à tous.
CP : Le président du Tchad, Idriss Déby, est mort. Il était au pouvoir depuis plus de 30 ans. Son fils a repris les rênes du pays.
SB : En Russie, l'état de santé de l'opposant Alexeï Navalny inquiète. Ses avocats demandent qu'il soit immédiatement transféré vers un hôpital civil.
CP : Nous irons aussi en Allemagne où la droite a choisi son candidat pour succéder à la chancelière Angela Merkel à l'automne prochain.
Côté environnement, les prévisions ne sont pas très bonnes : selon l'Agence internationale de l'énergie, les émissions de CO2 devraient bondir en 2021.
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SB : Le président du Tchad, Idriss Deby, est mort.
CP : Le dirigeant est décédé à l'âge de 68 ans, après avoir été blessé sur le champ de bataille lors d'affrontements avec des rebelles du nord du pays. Il venait d'être réélu pour un sixième mandat, selon les résultats provisoires de la présidentielle. Il était au pouvoir depuis plus de 30 ans. Retour sur son parcours, avec Claire Fages.
Idriss Déby Itno est mort comme il est arrivé au pouvoir, en chef de guerre. Ce fils de berger zaghawa né dans l'est du Tchad entre à l'école des officiers de Ndjamena après son bac, puis obtient en France une licence de pilote professionnel pour le transport de troupes. Devenu commandant en chef des forces armées du nord, il aide le rebelle Hissène Habré à ravir le pouvoir à Goukouni Oueddei en 1982, puis devient colonel, chef des armées adjoint et se forme à nouveau en France à l'école de guerre interarmées. La rupture avec Hissène Habré qui persécute alors les Zaghawas le pousse à l'exil au Soudan, où il crée le Mouvement patriotique du salut, un mouvement rebelle qui deviendra son parti. Le 1er décembre 1990, il s'empare du pouvoir à Ndjamena avec l'aide de la France, Habré s'enfuit au Sénégal. Idriss Déby, d'abord nommé président du Conseil d'État, est élu en 1996, lors d'un scrutin pluraliste. Il sera réélu cinq fois, après avoir fait modifier la Constitution en sa faveur et son régime deviendra de plus en plus autoritaire. Son pouvoir est menacé à plusieurs reprises, 2005, 2006, 2008, par des groupes rebelles, mais la France le soutient, le dirigeant tchadien étant au centre de la lutte contre les jihadistes dans le Sahel. Nommé maréchal en août dernier après une de leurs offensives, il est mort en soldat face à la rébellion des Fact, à près de 69 ans.
CP : Après l'annonce du décès d'Idriss Déby, le gouvernement et l'Assemblée ont été dissous. Un conseil militaire de transition a pris le pouvoir. Il promet d'organiser des élections dans un an et demi. Il est dirigé par le fils du président défunt, le général Mahamat Idriss Déby.
SB : Et l'annonce de cette transition militaire ne fait l'unanimité.
CP : Le président de la commission de l'Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a fait part sur Twitter de sa « vive émotion » : « C'est avec une très grande consternation et une vive émotion que j'ai appris le décès du président Idriss Déby Itno », indique t'il. « Grand homme d'État et chef militaire reconnu. J'adresse mes sincères condoléances au peuple tchadien et à sa famille. » Côté opposition, des voix s'élèvent pour dénoncer la mise en place de ce conseil militaire qui viole, selon certains opposants, la Constitution. Paris, la France, appelle de son côté à une transition d'une « durée limitée ». Voici ce qu'a déclaré dans un communiqué le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian : « Une transition politique s'ouvre à présent, conduite par le conseil militaire. Il est important qu'elle puisse aboutir, à l'issue d'une durée limitée, à la mise en place d'un gouvernement civil. » SB : Bientôt un verdict aux États-Unis dans le procès du policier Dereck Chauvin. CP : Ce verdict n'est pas encore dévoilé par les jurés. Mais il devrait tomber dans les prochaines heures. Dereck Chauvin, c'est ce policier blanc accusé d'avoir tué l'afro-américain Georges Floyd, l'an dernier. Les jurés s'étaient retirés hier pour délibérer à huis clos, après avoir entendu les derniers arguments de l'accusation et de la défense.
SB : L'état de santé de l'opposant russe Alexeï Navalny inquiète les États-Unis.
CP : Washington demande à Moscou d'autoriser des médecins à le voir immédiatement. Les proches d'Alexeï Navalni affirment que son état de santé se dégrade de jours en jours. L'opposant est toujours en grève de la faim. Selon ses avocats, il est très affaibli et très mal soigné. Ils demandent son transfert immédiat dans un hôpital civil, pour l'empêcher de mourir. Correspondance à Moscou, de Daniel Vallot.
Les avocats d'Alexeï Navalny n'ont pas caché leur très vive inquiétude, ce mardi, après avoir rencontré leur client. L'opposant russe a été transféré dimanche dernier dans un centre hospitalier carcéral, situé dans une colonie pénitentiaire de la région de Vladimir. Mais d'après ses avocats, il se trouve dans une cellule à l'isolement, sans recevoir les soins appropriés. « Il est très faible, il a du mal à s'asseoir et à parler », a déclaré l'une de ses avocats, Olga Mikhaïlova, qui a réclamé son transfert immédiat dans un hôpital civil pour « l'empêcher de mourir ». Suite à cette visite, un message d'Alexeï Navalny a été publié sur les réseaux sociaux. L'opposant se compare à un squelette titubant dans sa cellule. « Mon avocat m'a parlé du soutien énorme que je reçois en Russie et autour du monde. Ce moment était extrêmement précieux, écrit notamment Alexeï Navalny. Il n'y pas d'armes plus efficace contre l'injustice. » Fin de citation. Le message est publié alors que les partisans de l'opposant doivent manifester ce mercredi dans tout le pays. Selon le mouvement qui soutient Alexeï Navalny, des rassemblements auront lieu dans une centaine de villes. Malgré l'interdiction et les mises en gardes formulées par les autorités. Depuis plusieurs jours, les soutiens d'Alexeï Navalny sont visés par une nouvelle série de perquisitions et d'arrestations. Daniel Vallot, Moscou, RFI.
SB : Au Pakistan, le parti islamiste radical TLP appelle à la fin des manifestations anti-françaises.
CP : Le TLP a décidé de mettre fin à sa campagne anti-française. Après la décision du gouvernement pakistanais d'organiser un vote sur l'expulsion de l'ambassadeur français. Ce vote devait se tenir aujourd'hui à l'Assemblée nationale. Il est finalement repoussé à vendredi. Le TLP réclame l'expulsion de l'ambassadeur français Marc Barety, en représailles à la publication, l'an dernier en France, de caricatures du prophète Mahomet.
SB : La droite allemande a choisi son candidat pour succéder à Angela Merkel, l'automne prochain, au poste de chancelier.
CP : Les instances dirigeantes de la CDU ont désigné leur président : Armin Laschet, à l'issue d'un vote organisé hier soir. Son rival, Markus Söder, qui dirige le parti bavarois CSU, s'est incliné. À Berlin, Pascal Thibaut.
« Les dés sont jetés ». C'est par cette remarque lapidaire que Markus Söder a commencé sa déclaration à la mi-journée à Munich. Le président de l'Union chrétienne-sociale bavaroise, la CSU, s'incline face à son homologue Armin Laschet. Ce dernier a obtenu, lors d'une longue réunion du comité directeur de la CDU, le soutien des cadres de son parti. Poursuivre publiquement le combat pour décrocher une nomination comme candidat à la chancellerie des conservateurs allemands aurait été très nuisible à la droite à cinq mois des élections. Mais les divisions au sein du bloc chrétien-démocrate ont été plus que visibles depuis une dizaine de jours, surtout à la CDU. Le populaire Markus Söder mettait en avant sa popularité dans les sondages et dans son camp. Le vainqueur Armin Laschet a reconnu lors d'une conférence de presse qu'il ne faisait pas l'unanimité : « Je sais que certains auraient souhaité une autre option. C'est la démocratie. Une solution est prise après que tous les arguments ont été exposés. » La logique politique s'est imposée, en raison du poids plus important de la CDU dans le bloc conservateur. Armin Laschet devra maintenant rassembler son camp derrière lui et prouver qu'il peut permettre aux chrétiens-démocrates de continuer à gouverner le pays à l'automne après le départ d'Angela Merkel. Malgré leur fort recul dans les sondages, CDU et CSU restent malgré tout la première force du pays. Pascal Thibaut, Berlin, RFI.
SB : Malgré la troisième vague de Covid-19, un rebond de l'économie est toujours attendu pour 2021.
CP : Oui, et avec l'économie mondiale, les émissions de CO2 vont également rebondir cette année. C'est ce qu'indique l'Agence internationale de l'énergie qui publie aujourd'hui sa Global Energy Review. Il faut même s'attendre à la hausse d'émission de CO2 la plus importante en 2021. Pauline Gleize.
Les émissions de CO2 liées à la production d'énergie connaitraient même leur seconde plus forte croissance annuelle jamais enregistrée. Les émissions carbones devraient augmenter de près de 5% pour atteindre 33 milliards de tonnes. Cela effacera une grande partie du déclin historique de l'année dernière. En raison de l'arrêt momentanée d'une partie de l'économie, elles avaient alors baissé de 5,8% en 2020. La cause de ce rebond : la demande en énergie qui va augmenter et dépasser les besoins de 2019. Une demande poussée par les marchés émergents et les économies en développement. Alors, certes la part du renouvelable dans la production d'électricité progresse, il n'empêche, la consommation de tous les combustibles fossiles devrait rebondir. Et si le pétrole ne devrait pas retrouver son niveau pré-pandémique en raison de la crise prolongée du secteur aérien, la demande en gaz et en charbon devrait dépasser les besoins de 2019. Le directeur exécutif de l'AIE n'est pas très optimiste pour la suite. Il estime que si les gouvernements n'agissent pas rapidement pour réduire les émissions de CO2, la situation empirera vraisemblablement en 2022.
CP : C'était Pauline Gleize sur RFI.