40a. « Le paradoxe du zombiologue. »Florian Douam. Partie 1/2.
Bon alors, bonjour à tous.
Donc je (ne) sais pas si… Je (ne) sais pas si vous voyez très bien, mais je vous présente Jean-Claude.
Donc, il est un peu timide quand il y a du monde. Non !
En fait, Jean-Claude, ben (et bien) c'est un zombie. Alors je suis sûr, des zombies, vous en connaissez tous, que ce soit à travers les jeux vidéo, le cinéma, ou la littérature. Alors, dans la plupart des cas, ces zombies sont porteurs d'une maladie absolument dévastatrice, qui va ravager l'espèce humaine et la transformer en une espèce de… de morts-vivants qui va se nourrir de chair humaine sans conscience. Et la plup art du temps, souvent, cette maladie, elle est due à une minuscule petite chose, le virus. Alors quand on voit ça, on est en droit de se demander si toutes ces peurs concernant les épidémies : est-ce qu'on est dans le domaine de la fiction, ou est-ce qu'on est dans le domaine de la réalité ?
Le prix Nobel Joshua Lederberg a dit que cette toute petite chose qu'est le virus constitue une menace absolument très importante pour la pérennité de l'espèce humaine à la surface de notre planète.
Et comme vous le savez sans doute, l'histoire lui a donné raison : 1918-1919, (la grêpe…) la grippe espagnole, 50 millions de personnes ont été tuées par ce virus. Ça représentait à l'époque 1 % de la population mondiale. Et comme vous le savez sans doute également, ces dernières années, les réémergences de nombreux virus de la grippe nous rappellent constamment que oui, ces virus-là constituent une menace pour l'espèce humaine. Et dans la mesure où cette mena ce existe, il faut s'en protéger.
D 'accord… Donc il faut travailler, il faut étudier ces organismes pour s'en protéger. Alors, comment on fait ça ?
Une manière de faire, c'est d'étudier ces virus en faisant des expérimentations génétiques, en manipulant génétiquement ces virus pour créer des souches mutantes de virus. Et en créant ces souches mutantes en laboratoire, on va pouvoir analyser le potentiel de dangerosité que peuvent présenter ces pathogènes. Donc ici, je vous présente, sur la droite ici, vous avez l'image d'expérimentations dans un laboratoire qu'on appelle P4, donc c'est un laboratoire de niveau 4, c'est le niveau le plus élevé que vous pouvez trouver à l'heure actuelle en termes de sécurité biologique.
Il n'y en a qu'un seul en France : il se trouve à Lyon. D'accord, donc c'est (ce sont) des laboratoires manipulent des virus extrêmement pathogènes, comme par exemple le virus Ebola. Alors, lorsqu'on voit toutes ces manipulations génétiques qu'impliquent l'étude de ces pathogènes, on peut se poser la question, très naturellement : où est-ce que se situe la limite ? Est-ce qu'il y a une limite à ces expérimentations génétiques sur ces pathogènes, au risque de provoquer cette fameuse invasion de zombies ? D'accord, un virus sortirait malencontreusement d'un laboratoire et infecterait des gens et provoquerait une invasion de zombies. Alors si on regarde ce qui se fait à l'heure actuelle, concernant cette limite : est-ce que cette limite, elle a déjà été franchie ?
Alors, il y a des laboratoires qui, par exemple, infectent des moustiques avec le virus du chikungunya ou le virus de la dengue ; virus que vous connaissez sans doute, qui causent des ravages sanitaires dans les pays autour de l'Océan Indien.
Et donc ils infectent ces moustiques et ils les élèvent dans leurs laboratoires. Qu'est-ce qui pourrait se passer si des moustiques sortaient de ces laboratoires pour infecter des gens, etc., etc. et la maladie pourrait se répandre. Plus récemment, une histoire qui a fait beaucoup parler d'elle très récemment, le cas du virus de la grippe aviaire.
Donc le virus de la grippe aviaire, comme vous le savez, c'est un virus qui est extrêmement virulent et qui se transmet principalement que de oiseau à oiseau. Un laboratoire hollandais a pris ce virus de la grippe aviaire, a fait de s mutations à l'intérieur de ce virus-là, et a rendu ce virus transmissible d'homme à homme.
Et je cite le créateur de l'étude : « Nous avons créé le virus le plus dangereux qui soit ». Alors je vous repose la question : est-ce que dans ce cas là, la limite a été franchie ?
En réalité, la question est beaucoup plus compliquée, parce que la limite dans le cadre de ces études-là, finalement, c'est comme une espèce de fine balance entre d'un côté la responsabilité des chercheurs qui créent de tels organismes, la responsabilité en termes de contrôle et de sécurité. Effectivement, à l'heure actuelle, dans les laboratoires qui créent ces virus-là, vous avez des contrôles, des restrictions de sécurité très, très poussés pour que les virus qui sont créés soient très protégés, enfermés, confinés dans les laboratoires, d'accord ?
Un chercheur qui développe un virus ne doit pas pouvoir faire ce qu'il veu t avec, même si bien sûr, vous allez être d'accord avec moi, le risque zéro n'existe jamais. Donc d'un côté, vous avez cette responsabilité, et de l'autre, vous avez la nécessité.
Nécessité d'anticiper et de prévoir le futur. Et je vais m 'expliquer sur ce point : Imaginez, on revient… on revient sur ce fameux virus de la grippe aviaire. Donc dans la nature, vous avez un virus de la grippe aviaire qui se transmet d'oiseau à oiseau. On va sous-entendre qu'à l'intérieur de ce virus-là, vous avez 5 protéines, que j'ai ici matérialisées en rouge. Dans le laboratoire, les scientifiques créent un virus et transforment t rois petites de ces… trois de ces protéines rouges, en 3 protéines vertes.
Et en faisant cette transformation là, ils rendent le virus transmissible d'homme à homme, d'accord ? Donc ça, c'est dans le cadre d'un laboratoire. Si dans 3, 5 ou 10 ans, on observe dans la nature un virus, naturel, qui possède une protéine verte sur quatre, on va se dire, « ouh, là là !
J'ai un risque que, finalement, j'arrive un jour à ce virus-là ! Et là, l'utilité d'avoir développé un virus comme ça en laboratoire prend tout son sens, parce que là, on va être capable d'évaluer le risque potentiel d'un tel virus, on va être capable de se mettre en alerte très rapidement, bref, on sera prêts en quelque sorte, à répondre beaucoup plus efficacement.